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Il y a 400 ans, naissait à Visé un célèbre mathématicien

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Il y a 400 ANS naissait dans la rue des Récollets un mathématicien illustre, René François de Sluse.

Imaginez-vous, à quelques mètres de la toute nouvelle maison de ville (terminée en 1613), une maison à encorbellements et à pans de bois (encore visible plus de 4 siècles plus tard), à l’étage une femme Catherine Plorar dit Waltéri met au monde un premier garçon, que le père Renaud (1591-1672) nommera René-François. Nous étions le samedi 2 juillet 1622 ; Cette famille venue de Sluizen (entre Glons et Tongres) fit fortune en exploitant à Souvré les schistes alunifères. L’alun qui en ressortait était, à cette époque où les éléments de la nature jouaient un rôle majeur, un fixatif pour colorants sur des tissus, mais le schiste lors de sa transformation provoquait une pollution considérable. La famille était richissime et put donner à ses enfants mâles une très bonne éducation : à Visé, puis à Maestricht et enfin à Louvain . Il y eut encore Jean-Gaultier (1628-1687) qui devint cardinal et pas n’importe où à Rome puis le petit frère Pierre-Louis qui fut baron et une sœur Hélène (1625). De nombreux autres de Sluse eurent d’importantes charges comme bourgmestre de Visé ou de Liège, chanoines, châtelains….

Le frère de la mère, Jean Walteri de Castro était un personnage important à Rome. Les deux frères y furent envoyés pour parfaire leurs formations dont son doctorat (1643). Il est indéniable que l’oncle eut une préférence pour le cadet qu’il éleva au rang de cardinal et qui lui succéda en 1669 dans la fonction de secrétaire des brefs. (ministre des affaires diplomatiques du Pape Clément X puis d’Innocent XI). Sa mort aurait-elle été causée par un empoisonnement ? Sa tombe somptueuse est visible dans l’église Santa Maria dell’Anima à Rome.

René-François aurait pu avoir une belle place dans une institution florentine mais les manigances de son oncle l’obligèrent à revenir dans la principauté de Liège. Il fut chanoine de plusieurs collégiales, à Visé bien entendu, à la cathédrale de Liège dès 1650 puis en devint le vice-prévôt (1676) sous le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière et aussi à Amay, comme abbé de la collégiale Ste Ode et St Georges (1673). On peut encore y voir un jubé monumental en marbre noir. A Liège, il occupa un hôtel dans la rue des Aveugles (emplacement actuel des Galeries St Lambert de Liège). Tant Liège que Visé ont rendu hommage à ce savant par le nom d’une rue.

Ce qui le rend célèbre encore de nos jours n’est pas ses fonctions ecclésiastiques qui lui prenait beaucoup de temps mais ses recherches dans divers domaines et spécialement en mathématique. Sa grande réussite fut dénommée le MESOLABUM (aux équations algébriques des 3e et 4e degrés qu'il cherche à résoudre en les ramenant à l'intersection de deux coniques ainsi qu'aux courbes planes, genèse du calcul différentiel, édicté en 1659). A l’époque, ce qui permettait le développement des connaissances sont les correspondances qu’il ne cessa d’entretenir avec plusieurs savants et grands penseurs de son époque : Pierre de Fermat (1607-65), Michelangelo Ricci (1619-82), John Wallis (1616-1703), Blaise Pascal (1623-62), Robert Boyle (1627-91), Christiaan Huygens (1629-95), James Gregory (1638-75). En 1674, il est élu membre de la Royal Society de Londres. Cet esprit très ouvert se consacra aussi à l’hagiographie (étude des vies de saints) comme saint Lambert (1679) et de saint Servais (1684), à l’histoire naturelle (Ne remarqua-t-il pas le caractère unique de la Montagne Saint-Pierre ?), à la médecine (Ne pensa-t-il pas qu’une transfusion de sang entre un animal domestique et un humain pouvait réussir , mais ce pragmatisme ne fonctionna pas comme vous pouvez en douter) ou encore à l’astronomie ou la physique (thermomètres) . Comme beaucoup de chercheurs, il s’essaya à l’alchimie avec l’essai de transformation du plomb en or. Bref, au milieu du 17e s., un personnage qui s’intéressa à de multiples domaines loin de ses préoccupations théologiques et qui eut des contacts multiples que des dizaines de lettres conservées témoignent.

A la fin de sa vie, il voulut rendre hommage à ses parents en faisant ériger un monument funéraire constitué e.a. d’une statue en marbre de saint Martin évêque donnant un élément de son vêtement à un pauvre hère. Vous ne pourrez plus voir ces deux éléments car ils furent volés et puis détruits par un antiquaire limbourgeois. A côté de l’emplacement original du monument funéraire une stèle fut placée à l’occasion des 300 ans de sa mort (19 mars 1685) en 1985. La toute première exposition dans une chapelle des Sépulcrines rénovée pour l’occasion se tient en mars de la même année avec une organisation de la ville, du musée régional de Visé et du comité Sluse. Peu de temps avant, furent légués par Etienne Michaux, le 2e secrétaire de la vénérable institution (la société archéo-historique) (mort en 1981), les portraits des deux frères dont l’aîné René-François, due aux pinceaux du liégeois Lambertin trône dans la grande salle des patrimoines du musée et le cadet dans la salle de mariages de l’hôtel de ville de Visé. La monographie de Sluse (112 pages) est toujours disponible au musée régional au prix de 10 €

 

Jean-Pierre Lensen

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