Avec plusieurs millions de photos qui leur sont dédiées, les ponts suspendus de Geierlay (Allemagne), du Drac (France) ou encore Peak Walk (Suisse) sont devenus des célébrités sur Instagram. Et d’ici quelques années, un pont suspendu liégeois pourrait, lui aussi, faire parler de lui sur les réseaux sociaux.
D’ici 2025, une passerelle va en effet être construite à Lanaye, au-dessus du Canal Albert. Long de 200 m, ce pont suspendu culminera à près de 50 m d’altitude. « Il s’agit d’un projet tout à fait innovant et inédit. Cette passerelle reliera le fort d’Eben-Emael au site de Caster », précise Valérie De Bue, ministre wallonne en charge du Tourisme. « Elle sera également la plus grande passerelle du Benelux. Elle permettra de relier plusieurs points d’attraction et d’intérêt de la montagne Saint-Pierre, comme les promenades balisées, la Tour d’Eben-Ezer ou le fort d’Eben-Emael. »
Et si son objectif est de valoriser les richesses naturelles et patrimoniales du site et de devenir un élément majeur du tourisme wallon, la volonté n’est pas non plus qu’un tourisme de masse ne s’y développe. La montagne Saint-Pierre est en effet un lieu important pour la biodiversité que les autorités souhaitent également préserver. Raison pour laquelle cette passerelle, uniquement piétonne, ne sera accessible qu’à pied, après une marche de plusieurs centaines de mètres voire kilomètres. Aucun parking ne sera aménagé à proximité. Il faudra donc mériter la vue qu’elle offrira et les sensations fortes qu’elle donnera.
Dans la tranchée de Caster
Cette passerelle permettra donc de relier deux des plateaux de la montagne Saint-Pierre. Il y a encore un siècle, cette colline calcaire ne formait qu’une. Elle était même traversée par une voie militaire qui reliait Liège à Maastricht. Mais dans les années 1930, une tranchée y a été creusée pour permettre la construction du Canal Albert. Longue de 1.300 mètres, cette percée s’appelle « la tranchée de Caster ». Et c’est donc dans cette partie que prendra place la passerelle.
Le Fort d’Eben-Emael étant toujours propriété de La Défense, celle-ci a déjà marqué son accord pour qu’un point d’ancrage se fasse sur son site. Le sous-sol étant truffé de galeries de tuffeau, les études sont toujours en cours pour trouver l’emplacement exact où sera construit ce pont suspendu.
Le temps de la demande de permis et des travaux préparatoires, les premières traversées ne devraient pas se faire avant le deuxième ou le troisième trimestre 2025.
100 hectares de réserve naturelle
Située entre le Geer et la Meuse, la montagne Saint-Pierre est en réalité une colline calcaire. Et c’est d’ailleurs son sol mais aussi ses pelouses calcaires et son sous-sol composé de nombreuses galeries qui en ont fait un lieu d’une biodiversité exceptionnelle.
La montagne Saint-Pierre est ainsi notamment composée de près de 150 hectares de réserve naturelle. « C’est également le plus grand site d’hibernation des chauves-souris du Benelux », explique Nicolas Delhaye, chef du cantonnement de Liège du DNF, gestionnaire du site.
On peut également y trouver de nombreuses variétés d’orchidées sauvages, parfois même très rares. Traversée par plus de 150 km de promenades balisées, la montagne Saint-Pierre attire chaque année de nombreux touristes, qui causent malheureusement parfois quelques dégradations. Raison pour laquelle, depuis 20 ans, de nombreuses initiatives sont prises pour préserver le site. Et de nouvelles sont annoncées pour les années à venir pour permettre le développement d’un tourisme doux et respectueux de la nature.
3,6 millions d’euros pour allier nature et tourisme
La Région wallonne a débloqué 3,6 millions d’euros pour développer la montagne Saint-Pierre et la ferme de Caster. « La biodiversité, c’est notre assurance-vie, c’est grâce à elle que nous vivons et il faut en prendre soin. Mais il ne faut pas mettre ces espaces naturels remarquables sous cloche », commente Céline Tellier, ministre wallonne de la Nature. « Il faut y développer un tourisme durable et respectueux. Faire de la sensibilisation du grand public. »
Outre la construction de la passerelle, la somme ainsi débloquée va permettre de poursuivre la restauration de prairies ou de pelouse calcaires, d’améliorer des cheminements ou encore de sécuriser l’entrée de certaines galeries pour permettre l’accès, encadré, du public.
La Ferme de Caster, située sur un des plateaux, va être en partie reconstruite pour accueillir un centre d’interprétation éco- touristique. Cinq points d’accueil seront également aménagés aux entrées de la montagne afin d’accompagner et guider au mieux les touristes.