(Photo archives P.Neufcour)
Il était 07h01 hier matin lorsqu’un appel est arrivé au dispatching de la police de la Basse-Meuse à Hermalle : un témoin venait de voir une voiture qui flottait dans la Meuse à hauteur du quai des Fermettes.
Immédiatement la patrouille composée des inspecteurs Benoît Leenders et Yves Destordeur se rend sur les lieux. A cette heure matinale, pas de circulation. En chemin, un appel radio signale qu’une personne serait en train de se débattre au milieu du fleuve. L'équipe met moins de quatre minutes pour arriver sur place. L’inspecteur Leenders nous raconte la suite :
«A notre arrivée un homme, choqué, nous explique difficilement ce qu’il se passe. Il y a quelques instants encore il voyait une personne qui tentait de surnager au milieu du fleuve. A ce moment, je n’hésite pas, pas le temps d’attendre l’arrivée des hommes grenouilles si on veut avoir la moindre chance de sauver une vie. Je me dévêts et c’est en slip que je me jette à l’eau. Je nage vers l’endroit où j’ai cru apercevoir «quelque chose» qui flottait. La BMW X5, elle, continue de flotter et dérive avec vers le barrage. Je me rends compte que le courant me fait dériver moi aussi, je corrige ma trajectoire et aperçois de nouveau quelque chose qui flotte. Je nage vers ce point. A cet endroit, je constate qu’il s’agit du dos d’un homme. Il a la tête complètement immergée. Je le retourne, il est inconscient, les lèvres bleuies. Comme on nous l’a enseigné lors de notre formation, je lui passe un bras autour du cou, pour lui maintenir la tête hors de l’eau, et me redirige vers la berge. C’est difficile, l’homme est lourd, le courant est fort, l’eau est froide, mais je suis persuadé qu’il y a moyen de ramener cette personne à la vie. Je bois «quelques tasses», mais j’arrive enfin au bord du quai. Une seconde équipe est arrivée, les inspecteurs Graeven et Beckers. Mes trois collègues hissent l’homme hors de l’eau, puis m’aident à en sortir. Immédiatement l’inspecteur David Graeven, qui a une formation d’infirmier, entreprend de réanimer la victime. Il pratiquera le massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des pompiers qui prendront la relève. Malheureusement, tout ce qui a été entrepris sera vain, et on ne pourra que constater le décès de l’homme sur place. Au moment où j’ai plongé, ce n’est pas le policier qui a agi, mais l’homme qui voulait tout faire pour sauver une vie. Un collègue m'a immédiatement ramené à le permanence où je me suis réchauffé sous une douche chaude. Mes vêtements étaient secs. Je me suis rhabillé et ai continué mon service jusqu'à la fin, c'est à dire jusqu'à 15h00»
L'inspecteur est un peu gêné par les éloges qui lui sont adressés. Pour lui, il a agi comme tout citoyen qui le peut devrait le faire. Il insiste sur le fait que ce n'est pas un policier qui a sauté à l'eau, mais simplement un homme.
L'enquête déterminera que la victime est monsieur Michel Klinkenberg, âgé de 67 ans et patron de la société d'installations électrique bien connue qui porte son nom. A ce stade de l'enquête, l'hypohèse d'un acte prémédité n'est pas éliminée.
Mais qui est ce policier qui a risqué sa vie hier matin en sautant dans la Meuse?
Benoît Leenders a 23 ans. Il y a aujourd’hui trois ans qu’il intégrait l’Académie de Police. Un an plus tard, il en sortait avec le grade d’inspecteur. Benoît est originaire de Haccourt et habite Hermée. A l’issue de sa formation à l’école de police, il est venu 9 mois comme stagiaire dans la zone de la Basse-Meuse, puis est reparti trois mois à Namur. Ayant réussi les examens de "mobilité", il postule pour revenir dans la Basse-Meuse où il intègre le service intervention début juillet 2014. Cela va faire un an qu’il travaille avec l’inspecteur Yves Destordeur. «Nous formons une véritable équipe, précise-t-il, nous travaillons vraiment en symbiose et savons à l’avance comment l’autre va réagir»
L’inspecteur Leenders est un sportif, il court plusieurs fois par semaine, fait du VTT, et a pratiqué la natation de compétition pendant une dizaine d’années... Il connaît ses limites et a estimé que celà valait la peine de se jeter à l’eau, de prendre un risque. Il a reçu les félicitations de tous ses collègues. Le chef de corps, le commissaire divisionnaire Alain Lambert nous a d’ailleurs rapporté «qu’il était fier d’avoir un homme de cette trempe dans son équipe». Les félicitations officielles suivront. Bravo pour votre geste inspecteur!