Les mesures instaurées par l'actuel Ministre-président de la Wallonie ont eu pour effet d'augmenter de 53 euros par an la facture d'électricité d'une famille de 4 personnes et de 65 euros celle du gaz. Tecteo (aujourd'hui Publifin) a pu engranger un trésor de guerre qui a notamment aidé Stéphane Moreau à étendre son empire.
En 2008, Paul Magnette a pris à son compte la rédaction, en tant que ministre en charge du Climat et de l'Énergie au sein du gouvernement Leterme I, d'un arrêté royal qui a permis par la suite aux distributeurs de gaz et d'électricité de faire exploser leur cagnotte.
Grâce à cette mesure, Tecteo (aujourd'hui Publifin) a engrangé annuellement de 2008 à 2014, année de la régionalisation de cette compétence, 20 millions d'euros supplémentaires, écrit L'Echo jeudi.
Tecteo aurait d'ailleurs à l'époque fait un lobbying intense auprès de Magnette, fraichement arrivé au fédéral, selon un expert.
Une directrice de cabinet adjointe "a trifouillé"
Les différentes sources interrogées par L'Echo et présentes à la Creg à cette époque pointent Christine Declercq, directrice de cabinet adjointe en charge de l'Énergie. Elle a "trifouillé dans tous les paramètres de fond en comble au profit des distributeurs wallons", selon une source anonyme.
Tous les distributeurs énergétiques ont d'ailleurs finalement profité de l'intervention de Paul Magnette, qui se rapportait à la fixation des tarifs de l'énergie et à la maîtrise des coûts par les gestionnaires des réseaux de distribution d'électricité.
Les mesures, approuvées par le conseil des ministres, établissaient entre autres un facteur "Bêta" pour le calcul de la prime de risque des distributeurs. Selon des calculs de la Creg datant de 2010, elles ont eu pour effet d'augmenter de 53 euros par an la facture d'électricité d'une famille de 4 personnes et de 65 euros celle du gaz.
Magnette se défend
Paul Magnette a démenti toute mesure prise en faveur de Tecteo alors qu'il était ministre fédéral de l'Energie. Il aurait au contraire veillé à prendre en compte les obligations de service public auxquelles étaient contraints les distributeurs dans la fixation des tarifs, a-t-il expliqué à la suite d'un article paru dans l'Echo.
Le ministre a fait à l'époque le tour des distributeurs d'énergie au nord et au sud du pays. Les obligations de service public établies par les Régions pesaient alors lourdement sur leurs coûts. A l'issue de cette concertation, certaines de ces obligations ont été prises en compte, mais pas toutes, souligne l'actuel ministre-président wallon.
Par ailleurs, les distributeurs se sont vus imposer des économies par le biais d'un coefficient de productivité. M. Magnette conteste donc les 20 millions d'euros engrangés par Tecteo chaque année étant donné que le calcul ne se fonde que sur les recettes et non les coûts. "Or, quand on calcule le bénéfice d'une entreprise, on doit soustraire les coûts des recettes. Le but n'a jamais été de hausser un bénéfice", a-t-il ajouté.