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SAINT-GEORGES RETROUVE SAINT-HADELIN DANS UNE DEMARCHE IDENTIQUE

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© Kirk-Irpa Bruxelles

C’est à Bruxelles le 23 avril 2021, jour de la St Georges qu’après 3 années de restauration le célèbre retable de saint Georges (1493) de Jan II Borman resplendit de nouveau au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles. Les scènes du gothique tardif sont sans conteste intemporelles et d’une qualité tout à fait exceptionnelle. Elles surprennent le spectateur par leurs compositions cinématographiques, leurs personnages réalistes d’une grande expressivité et la virtuosité inégalée de la sculpture. Comme dans un arrêt sur image, les personnages sont représentés en pleine action. En sept scènes, Borman donne vie à l’atroce martyre de saint Georges. En raison de sa foi, le héros inébranlable est suspendu par les pieds au-dessus des flammes, éviscéré, décapité…

L’étude interdisciplinaire, menée en collaboration avec l'Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA), a conduit à des découvertes inattendues et a permis d'élucider des mystères séculaires. Était-il à l'origine polychromé comme les autres retables flamands ? Dans quel contexte a-t-il été créé ? Et comment expliquer l'ordre incohérent des scènes qui ne correspond pas à la légende et commence étonnamment par la mort du saint ? L'ordre illogique des scènes a finalement pu être expliqué en étudiant les emplacements des chevilles et des clous originaux utilisés pour fixer les scènes dans la caisse. Ceux-ci montrent clairement que le restaurateur du 19e s. (1835) Sohest a démonté, puis replacé les scènes dans un autre ordre pour une raison encore inconnue. Au cours de la restauration actuelle, le sens du récit établi par Jan II Borman a finalement été restitué. Ainsi, après près de deux siècles, les groupes de statuettes magnifiquement sculptées ont retrouvé leur emplacement d'origine dans ce chef-d'œuvre monumental.

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© P. Neufcour

La commande du retable par la Grande Guilde des Arbalétriers de Louvain pour sa chapelle est perçue comme une manœuvre politique du plus haut niveau. Pour s'attirer les faveurs de Maximilien d'Autriche, vainqueur de la révolte des villes brabançonnes et flamandes, la Grande Guilde commande délibérément un retable de saint Georges à Jan II Borman. À ce dernier, car il était très apprécié à la cour et membre de la chambre de rhétorique bruxelloise Le Lys, placée sous la protection de Maximilien. Et un retable de saint Georges précisément, parce que l'archiduc l'avait choisi comme patron personnel et utilisait sa vénération même à des fins de propagande.

Malgré que les deux œuvres (le retable de Saint-Georges et la châsse de saint Hadelin) sont l’une en bois et l’autre en argent et sont séparées par 333 ans, on pourrait leur trouver des similitudes quant à leur restauration et leur transformation ; Autant la restauration du retable de Saint-Georges permit de retrouver sa structure historique et hagiographique, autant la dernière grande restauration de la châsse de saint Hadelin par l’IRPA en 1970 fit retrouver sa structure d’origine. Deux des huit panneaux en effet furent alors intervertis. Actuellement le deuxième panneau, la bénédiction que donne l’abbé Remacle à son ancien disciple, Hadelin, après la révélation de sa mission (qui est de fonder une communauté monacale) avait été lors d’une très ancienne restauration placé à la quatrième place, ce qui par rapport à la Vita Hadelini (la biographie de Hadelin, écrite vers l’an mil) était incongru. En effet, l’accueil de ses premiers disciples ne pouvait précéder la scène de bénédiction de son supérieur et la permission d’aller fonder une nouvelle communauté dans la vallée de la Lesse, à Celles. Mais c’est trop tard pour l’autel majeur de la chapelle du Collège Saint-Hadelin datant de l’avant-guerre 14-18 et qui conserve la disposition erronée. (J-P Lensen)

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