Des vaches broutant dans une prairie wallonne : une exploitation industrielle pour la Commission européenne ?
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La Commission Européenne (CE) a présenté le 4 avril une proposition de modification de la directive sur les émissions industrielles (IED). La proposition élargit le champ d’application de la directive et intègre de nouvelles activités. Si elle est adoptée, la directive s’appliquera désormais aux exploitations d’élevage de plus de 150 unités de gros bétail (UGB), y compris celles en élevage bovin ! Pour faire clair : une ferme laitière de 100 vaches dans le Pays de Herve ou une ferme avec 100 vaches viandeuses dans le Condroz seraient considérées comme des exploitations industrielles. Une telle décision serait aberrante et synonyme d’une nouvelle série de contraintes administratives et financières pour nos éleveurs et éleveuses. Pour notre président et éleveur Philippe Duvivier : « Cette annonce est inacceptable pour nos agriculteurs et agricultrices. L’élevage à l’herbe est un pilier de nos systèmes agricoles durables. Il est mis en avant régulièrement par nos décideurs y compris par la CE. Comment est-il pensable de sanctionner ces fermes ? ». Rappelons que le nouveau champ d’application de cette directive est particulièrement arbitraire, ne tenant pas compte des pratiques agricoles ou de la main d’œuvre. Rappelons aussi qu’un système de permis d’environnement existe déjà en Wallonie, y compris pour les exploitations bovines. Et qu’en 2023, la nouvelle PAC impactera déjà les exploitations bovines qui devront s’adapter aux nouvelles réglementations pour continuer à être soutenues financièrement. Il s’agira d’un vrai changement qui engendrera de nouvelles contraintes administratives (la réforme n’allant pas vers la simplification, bien au contraire). Comme tous les secteurs, le monde agricole doit faire sa part face aux enjeux environnementaux de notre siècle. Nos agriculteurs et agricultrices en sont conscients. De nombreux éleveurs font évoluer leurs pratiques. Mais ce n'est pas en imposant de nouvelles contraintes administratives et financières que la transition de nos fermes pourra être amplifiée. Nous regrettons aussi que cette proposition majeure ait été prise sans consultation aucune des syndicats agricoles. Ces décisions déconnectées de la réalité de terrain entraînent un rejet des institutions européennes par nos agriculteurs (et pas seulement les éleveurs et éleveuses). La transition de nos modèles agricoles, que défend la FUGEA, ne se fera qu’avec une vision stratégique incluant les acteurs principaux du terrain : nos agriculteurs et agricultrices. La FUGEA demande à nos Ministres de l’Agriculture et aux parlementaires européens de s’opposer à cette modification de la directive IED. La réalité de terrain doit primer dans la prise de décision, y compris à Bruxelles. |