On s’en souvient avec effroi, cette fin d’après-midi du lundi 15 avril 2019 : le joyau parisien, la cathédrale Notre-Dame de Paris était ravagée par un incendie. On voit encore l’effarement des riverains quand la flèche centrale s’écroula. Le président de la république – réélu -, Emmanuel Macron décréta peu de temps après ce cataclysme - que la réouverture aurait lieu en 2024. Le pari est osé mais il sera probablement réussi. Un travail pour des artisans de haut niveau.
Dans l’histoire de notre principauté ecclésiastique, la date du dimanche 28 avril 1185 est une date à oublier au plus tôt. En effet, Dans la nuit du 28 au 29 avril 1185 , un violent incendie éclata dans une des maisons accolées au cloître de la cathédrale, et ne tarda pas à gagner celle-ci. Le vaisseau fut fort endommagé. Le feu fut des plus dévastateurs : cloître et bâtiment claustraux, des pans entier de murs, toitures et tours furent détruits. Cette cathédrale romane (12es.) avait déjà remplacé la cathédrale ottonienne – pré roman - dite cathédrale de Notger . L’énorme cathédrale – on parle d’accueillir 4000 fidèles – ne fut pas reconstruite à l’identique (comme le sera en grande partie Notre-Dame de Paris) mais dans ce style novateur qu’un abbé de l’abbaye St-Denis, Suger près de Paris initia dès les années 1130 : le style dit gothique, qui, on le sait, naquit en France avant de se répandre dans le reste de l’Europe. On utilisa les fondations des églises antérieures et on conserva le vieux chœur épargné par l’incendie car il devait être proche du lieu de martyre du saint, et depuis le haut Moyen Âge considéré comme un espace sacré immuable.
La dizaine d’équipe de fouilles, dépendant au début de l’université de Liège puis repris par la région wallonne s’évertua à sortir ces ruines du sous-sol de la Place Saint-Lambert (sous lesquelles, un site romain et des vestiges préhistoriques furent retrouvés sans oublier l’endroit du martyre de saint Lambert – nous fîmes partie de la première équipe en 1978, une expérience majeure pour un jeune archéologue, tout juste sorti de l’université de Liège) et la pression de l’opinion publique liégeoise poussa les autorités à conserver une partie de ces découvertes dans l’Archéoforum, inauguré enfin en 2003.
Une des plus belles et de plus grandes cathédrales de la chrétienté fut en effet détruite peu à peu dès 1794 par les révolutionnaires liégeois puis français et laissa place dans le courant du 19e s. à une place publique, avant que des fouilles ne sortent ses secrets de terre, dès 1907.
J.P.Lensen