Si la candidature belgo-allemando-néerlandaise n’est pas retenue pour développer le télescope Einstein, ce ne sera pas à cause des six éoliennes de Warsage. Le Conseil d’État a en effet suivi son Auditeur et vient d’annuler le permis unique.
L’ULiège, l’Institut Nikhef d’Amsterdam et l’Institut Albert Einstein de Hanovre se sont ensemble portés candidats pour le projet européen du télescope Einstein. Un projet à deux milliards d’euros qui pourrait s’implanter dans la région des Trois frontières.
Ce télescope souterrain comprenant trois tunnels de 10 kilomètres serait enfoui à 250 mètres de profondeur. Il permettrait d’aboutir à une astronomie de très haute précision, de soumettre la théorie de la relativité à de nombreuses mesures et d’étudier de gigantesques trous noirs. Un projet au retentissement mondial qui aurait des retombées énormes, notamment pour la Wallonie.
Mais ce genre de télescope demande rigueur et précision et toute vibration dans le sol pourrait perturber les mesures. Or, les éoliennes, avec leur mât enfoui profondément dans la terre, provoquent des vibrations. Pour éviter toute perturbation, il ne faudrait donc pas avoir d’éolienne dans un rayon de 10 kilomètres autour du télescope.
Et c’est là que le projet d’implantation de six éoliennes à Warsage aurait pu faire capoter la candidature des trois institutions. Car elles se seraient trouvées au beau milieu de la zone de recherche du site d’implantation du télescope. Après la délivrance du permis unique en décembre 2021, Dalhem et l’ULiège notamment étaient allées en recours. À la surprise générale, et alors que le gouvernement wallon annonçait soutenir la candidature pour le télescope, la délivrance du permis était confirmée.
Plusieurs recours
En réalité, les deux ministres compétents, Willy Borsus (Aménagement du Territoire) et Céline Tellier (Environnement), ne s’étaient pas mis d’accord. Et faute d’accord, c’est la décision prise en première instance qui est appliquée.
Une nouvelle qui avait provoqué un tollé. Plusieurs recours au Conseil d’État étaient alors introduits, notamment par Dalhem et l’ULiège. En parallèle, plusieurs décisions étaient prises pour remettre toutes les chances du côté du télescope.
En décembre dernier, le ciel se dégageait déjà quelque peu puisque nous apprenions que le Premier Auditeur du Conseil d’État avait rendu son avis. Il allait dans le sens du télescope puisqu’il proposait l’annulation du permis. Il évoquait notamment le fait que, lors de l’enquête publique, des réclamations avaient été introduites, évoquant le projet du télescope Einstein et des vibrations nuisibles au projet. Mais dans le permis, on n’expliquait pas pourquoi on n’avait pas tenu compte de ces remarques.
De plus, pour l’Auditeur, le fait que le télescope ne soit qu’un projet ne permettait pas de ne pas motiver le permis, d’autant que ce télescope ne peut pas s’implanter n’importe où puisqu’il faut tenir compte de caractéristiques précises.
Le Conseil d’État a donc décidé de suivre cet avis et d’annuler le permis unique. Donnant des chances supplémentaires à la candidature eurégionale.
(Aurélie Drion pour La Meuse)