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Marianne, prépensionnée de Visé, et Pierre, ancien boulanger d’Oupeye, ont touché 3.000 euros pour transporter des migrants: ils ont vécu l’enfer!

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Le système employé par la bande actuellement jugée profitait du désarroi des deux côtés : en région liégeoise, elle recrutait des gens en grande difficulté financière, ou des paumés en manque de petits larcins. Il leur était proposé de louer à leur nom un véhicule et de se rendre en Croatie, en Bosnie, en Bulgarie pour embarquer des migrants afin de leur faire passer une ou plusieurs frontières, vers l’Autriche ou l’Italie notamment.

La chose leur était proposée comme du « gagnant-gagnant » : ils allaient permettre à un migrant de quitter son pays d’origine, et ils allaient en passant, tout en « rendant service », se faire de l’argent : « quand ils sortaient du véhicule, les migrants disaient toujours merci », a ainsi exposé Cüneyt, alias « Le Boss » ou « business », un Liégeois de 31 ans (d’origine turque comme les autres responsables), qui aurait, depuis Liège, « contrôlé la route des Balkans ». 

 

Tout se faisait via des groupes WhatsApp. Sur cette application, les chauffeurs devaient activer leur localisation, ce qui permettait aux chefs de suivre leur itinéraire. Mais si Cüneyt a parlé de migrants « bien traités », à qui « on laissait 10 cm de fenêtre ouverte pour qu’ils aient de l’air », il est ressorti de l’enquête que ceux-ci étaient véritablement entassés dans les véhicules, pour en mettre le maximum. Un des véhicules piloté par un Verviétois a d’ailleurs fait un grave accident en Hongrie, avec 28 migrants à son bord dont un est décédé.

 

 

La prépensionnée de Visé se retrouve dans une prison Slovène

La première personne qui a été interrogée par le tribunal ce lundi est une certaine Marianne, Visétoise prépensionnée, âgée de 58 ans. Le 25 novembre 2019, elle avait embarqué sept ressortissants irakiens, dont deux enfants, qu’elle avait transportés en Croatie et en Slovénie. La voiture était trop petite pour accueillir la famille, dont un des membres avait dû se replier dans le coffre pour le trajet.

 

 

Marianne a vécu l’enfer lors de son arrestation. Elle a ensuite purgé dix mois de prison dans une petite cellule où elles étaient douze

Son arrestation en Slovénie, a-t-elle confié, avait été un enfer. Elle avait d’abord été incarcérée dans une prison pour hommes, et jugée dans les trois jours. Elle avait écopé de 12 mois d’emprisonnement, et elle en a purgé dix, dans une petite cellule où elles étaient 12. Elle n’avait à manger que si sa fille envoyait de l’argent à la prison, et elle s’était retrouvée complètement perdue en raison des difficultés de la langue. Pierre, 66 ans, boulanger retraité habitant à Oupeye, a quant à lui été roué de coups et la voiture qu’il avait louée lui a été confisquée. Parmi les « petits » chauffeurs, le tribunal a aussi interrogé Firat, un Ansois de 42 ans qu’on a arrêté en Croatie, le 22 décembre 2019, avec 13 migrants turcs et deux afghans. Si ces gens ont parfois désigné l’un ou l’autre dirigeant pendant l’enquête, ils se sont montrés fort prudents à l’audience, n’osant pas pointer ceux qu’ils connaissaient.

 

 

Porsche, villa avec piscine...

Deux des têtes présumées du trafic ont aussi été interrogées. Cüneyt a minimisé son implication, se présentant comme un simple relais qui aurait permis, pour un chef qui serait incarcéré en Hollande, de recruter les chauffeurs. Il nie avoir, à l’occasion de l’accident mortel, donné l’ordre au chauffeur de rouler plus vite pour fuir un barrage de police. Certes, a-t-il reconnu, cet ancien opérateur de téléphonie a une Porsche (« mais elle est vieille»), une villa avec piscine à Antalya (« mais elle est loin dans les montagnes ») et il avait pas mal d’argent cash. « Mais je ne me suis pas fait les millions que l’on croit : j’ai eu 90 ou 100.000 euros au total », a-t-il affirmé. Son père Mehmet (64 ans), de Herstal, a quant à lui soutenu que s’il avait délinqué dans sa jeunesse, il est depuis longtemps rangé et tient « gentiment » son café à Saint-Léonard. On avait cependant retrouvé dans son GSM des photos d’argent cash et d’armes, dont il soutient qu’il s’agit de jouets appartenant à ses petits-enfants. Suite du procès ce mardi.

 

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