Fermiers : eau forte de Jean Donnay
A l’âge de 95 ans, un homme modeste nous quittait. Il laissait derrière lui une œuvre abondante, principalement des eaux-fortes (gravures sur métal) mais aussi des peintures à l’huile.
Il avait un nom très connu dans la région : Donnay mais il faut bien distinguer le grand peintre liégeois Maurice Donnay (+), l’artiste dalhémois de talent Jacques Donnay et bien d’autres.
Il fit ses écoles primaires à Sarolay (tout jeune, il remporta un prix offert par le tout nouveau roi Albert 1er) mais s’installa vite à Cheratte-Haut et sa dernière demeure se situait à mi-hauteur, à côté de la Vieille Voie. Son atelier se faisait remarquer avec une énorme presse de graveur.
Le musée régional d’archéologie et d’histoire de Visé s’est fait un devoir d’acquérir maintes œuvres gravées de ses différentes périodes, la plus abondante fut celle des années trente. Après la 2e guerre, il dut être soigné dans un sanatorium mais il put continuer sa carrière de professeur de gravures tout en terminant comme directeur de l’académie des beaux-arts de Liège.
Il réalisa quelques peintures à l’huile comme des paysages, une technique moins bien assurée et illustra en gravure une dizaine de livres (le musée de Visé les posséderait tous)
Trois œuvres sont particulières à notre niveau
1) Quand le musée régional déménagea de l’hôtel de ville au centre culturel en 1990, les œuvres artistiques furent amplement recherchées (d’une trentaine d’œuvres en 1982, le musée compterait actuellement plus de 700 œuvresd’une quarantaine d’artistes) ; C’est ainsi que l’animateur de l’époque Jean-Pierre Lensen sollicita les artistes locaux et Jean Donnay offrit bien volontiers une gravure encadrée : les paysans (toujours aux cimaises du musée).
2) Quand la Justice de Paix du canton de Visé aménagea dans l’ancienne maison communale de Cheratte, la ville récupéra une immense toile qui rendait hommage aux combattants cherattois de la guerre 1914-1918 et qui se trouve maintenant au 3e étage du centre culturel.
3) Un autre coup de chance fut la découverte d’une peinture à l’huile montrant le miracle de Saint-Hubert (quand ce chasseur fut illuminé par un cerf portant une croix au sommet de sa tête) ; Il n’avait pas trouvé acquéreur dans une vente publique. Nous pûmes l’acquérir à bas prix , partagé entre deux asbl viséto-cherattoises.
4) Plusieurs ouvrages dont « Jean Donnay et ses paysages » ont été édités par le centre culturel et le musée. Le dernier parut en juin 2021, « la nature en gravures » (au prix de 5 €)
Il fait donc partie de cette école de graveurs liégeois avec François Maréchal, Jean Dols, Georges Comhaire et Paul Franck, qui enrichiront considérablement par leur vision personnelle l'histoire de la gravure liégeoise et internationale.
Merci Monsieur Donnay pour vos qualités humaines et votre modestie légendaire.
Jean-Pierre Lensen