« J’ai des soucis rénaux, je dois effectuer une batterie de tests. Il est pour l’heure très difficile d’avoir des rendez-vous. Je sais qu’en temps normal, mon suivi aurait été plus rapide. Mais, je n’ai pas d’autres choix que d’attendre », nous confie Stéphano. Même constat pour d’autres malades. « Mes rendez-vous pour mon diabète ont été postposés, tout comme ceux pour mon asthme. Au début, par peur d’une contamination, je les aurai reportés moi-même. Mais, je ne pense plus comme ça car je ressens aujourd’hui un impact important sur mon état de santé », dit une sexagénaire.
20.00 morts hors covid-19
Une situation qui inquiète énormément le corps médical. De nombreux médecins et infirmiers nous ont interpellés à ce sujet. Bon nombre d’entre eux s’attendent à un nouveau pic de patients et de décès. Des malades qui ne seront pas atteints par le coronavirus. « C’est en effet la réalité. Vraisemblablement, il y a bien plus de malades que ceux atteints du Covid-19. On ne sait pas où sont ces malades. Ils souffrent de maladies chroniques, du cœur, d’asthme… et ils ne sont pas soignés. Tous les médecins ont donc peur que, pendant 2, 3 ou 4 semaines, il y ait des décès liés à toute une série d’autres causes que le coronavirus. Il y aura bientôt une autre épidémie et cela nous préoccupe énormément », nous confie D r Marc Moens. L’ancien Président de l’Association Belge des Syndicats Médicaux (ABSyM) rappelle d’ailleurs les chiffres émis par son successeur, le D r Devos. « Il y a quelques semaines, il annonçait la pandémie. Dans la pire des situations (NdlR, soit une saturation des hôpitaux à l’italienne), il estimait qu’il y aurait 30.000 décès par Covid et 20.000 de non-Covid. Soit 60 % de décès par Covid et 40 % non-Covid ».
Des craintes qui ont été transmises à la ministre de la Santé Maggie De Bock. « Il faut que les conditions pour les consultations deviennent moins strictes. Les généralistes ne peuvent, par exemple, presque pas faire de visites à domicile. La raison de ces restrictions est le manque de matériel de protection comme les masques. Et, c’est toujours un problème ! », continue Marc Moens. « Nous demandons que les généralistes et spécialistes hors hôpitaux puissent, avec des masques, doucement recommencer leurs consultations parce que les patients attendent leur médecin. Temps que cette problématique des masques n’est pas réglée, on est dans un blocage ».
Comme pour les patients atteints du coronavirus, une saturation des hôpitaux est-elle possible pour ces autres malades ? « Les deux, ensemble. Pour les patients non Covid qui sont devenus très malades – voire dans un état critique –, il n’y aura plus de place pour les recueillir dans les hôpitaux et pour les traiter à temps », s’inquiète le médecin.
Osez-vous faire soigner !
Le corps médical appelle donc les Belges à se faire soigner. « Ce qui a été pas très urgent au début de l’épidémie est devenu bien urgent. Cela le sera encore plus ou il sera trop tard dans deux semaines. Le message à faire passer est donc de prendre contact avec son médecin, généraliste ou spécialiste, si nécessaire et voir si une consultation de façon sécurisée est possible. Il faut aussi rappeler que les urgences sont accessibles. »
Un avis partagé par les autorités. « Des personnes suivies pour d’autres maladies que le coronavirus – et vous savez qu’il y en a énormément – hésitent à se rendre chez leur médecin ou à l’hôpital. C’est évidemment quelque chose qu’il ne faut pas faire. Quand vous devez bénéficier de soins, vous devez vous rendre chez votre médecin. Mais, nous vous demandons de lui passer un coup de téléphone pour qu’il puisse organiser avec vous la manière d’apporter une continuité à vos soins. Tout le monde est mobilisé pour garder une continuité », explique Emmanuel André, le porte-parole interfédéral de la crise du Covid-19. (Source Sudpresse)