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Nous, les "gros", le cancer nous guette !

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                                                                                                Photo : D.R.

"Une journée où je n'apprends rien est une journée perdue", telle pourrait-être notre devise.

En vacances dans un camping du sud de la France en août dernier, nous avons fait connaissance avec nos "voisins" de parcelle. Lors d'une discussion à bâtons rompus, notre voisine a évoqué un "bouquin de 400 pages " qui sortira normalement le 1er janvier. Grand amateur de lecture il nous était impossible de ne pas lui en demander le sujet. Avec un petit sourire et un regard vers notre "bedaine", elle nous répondit "l'obésité". Ah! Bon, mais encore? "L'influence du surpoids et de l'obésité sur l'apparition de certains types de cancers" précisa-t-elle. Ouais, la Madame elle n'est pas dans les polars ou la BD! (Vous en connaissez beaucoup, vous, des BDs de 400 pages?)

Très intéressé par le sujet, nous lui avons alors demandé si elle serait d'accord d'être interviewée pour nous en dire plus sur son travail. Sans l'ombre d'une hésitation, le Docteur Lauby-Secretan accepta (Voir notre hors-texte "Qui est Marie-Béatrice Lauby-Secretan" en bas de page)

Chercheuse au CIRC de Lyon

Béatrice Lauby-Secretan est chercheuse au Centre International de Recherche sur le Cancer à Lyon, la branche cancer de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cet organisme publie les "IARC Handbooks of Cancer Prevention" à destination de la communauté scientifique et des autorités de santé publique, rédigés en langue anglaise ; le dernier volume, dont la publication est imminente, porte sur l'influence de la graisse corporelle (Body Fatness) sur le risque d'apparition de certains types de la maladie.

Le travail de la toxicologue et de son équipe consiste à compiler l’ensemble des données scientifiques publiées dans le domaine d’intérêt avant de le soumettre à un groupe international d'experts. Chacun des membres de ce collège d'experts se voit attribuer, selon sa spécialité, un certain nombre d'articles à résumer. Le groupe se réunit ensuite à Lyon afin de discuter des données et formuler une évaluation basée sur celles-ci. A l'issue de ce "conclave", un résumé des évaluations est publié dans le New England Journal of Medicine, puis le rapport complet est publié comme volume de la série des Handbooks. 

"Une telle évaluation avait déjà été faite en 2002, nous explique le docteur Lauby-Secretan, et à l'époque le rapport mentionnait que l'obésité était une des causes de l'apparition de certains cancers : cancer colo-rectal,  du sein post -ménopausal, de l'oesophage,  du rein et du col utérin. De la nouvelle évaluation, il apparaît clairement que le surpoids, à des niveaux divers, est une cause de l'apparition de huit autres types de cancers : cancer de l'estomac, du foie, de la vésicule biliaire, du pancréas, mais aussi des ovaires, de la thyroïde, ainsi que le méningiome et le  myelome  multiple (une forme de cancer du sang -).

Qu'est-ce que le surpoids ?

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Le fait d'être en surpoids ou obèse peut provoquer un dérèglement du métabolisme, et c'est ce dérèglement qui est la cause de l'apparition de la maladie. Un I.M.C (indice de masse corporelle) de 18 à 25 est normal, de 25 à 30 on parle de surpoids, puis de 30 à 35 d’obésité modérée, de 35 à 40 d’obésité sévère , et au-delà de 40 d’obésité morbide. Un IMC de moins de 18 est qualifié de "maigreur".

Comment calculer son IMC (ou BMI en anglais) ?

Il faut diviser son poids en kilogrammes par sa taille en mètres au carré. Prenons par exemple un homme de 110 Kg mesurant 1,83 m. Dans notre cas personnel : 110 Kg : (1,83 x 1,83) soit un IMC de 32,93, donc catégorie "obésité modérée" (ça va encore... pas "gros", juste un peu "enveloppé")

La prévention 

Le premier objectif est donc la prévention de l'obésité. Comment? En réajustant l’équilibre en apport et dépense calorique, c’est-à-dire en diminuant l'apport calorique journalier et/ou en augmentant l’activité physique journalière. "C'est la principale manière d'éviter une situation de surpoids, précise encore Béatrice Lauby-Secretan, il est recommandé d’éviter les aliments à forte densité calorique, et de manger de manière diversifiée, légumes, légumineuses, fruits..."

Répondant à notre question, la toxicologue précisera encore "Oui, nous avons été victimes de fortes pressions de lobbies lors de nos études notamment sur les effets néfastes du tabac, du diesel, des ondes des GSM mais aussi de fabricants de glyphosates. Ces lobbies ont tout fait pour que nous "édulcorions" nos conclusions. En vain! Une action en justice contre l'un d'entre eux est d'ailleurs en cours"

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                                                                                              Photo : OMS

 Marie-Béatrice Lauby-Secretan est docteur en toxicologie. Diplômée en biochimie de l'université de Genève en 1991, elle obtient ensuite le grade de Docteur en toxicologie à Barts and The London School of Medicine and Dentistry au cœur de Londres. Elle effectue ensuite 3 ans de post-doctorat à la Harvard School of Public Health à Boston et à l'University of California à Los Angeles (UCLA). Le docteur Lauby-Secretan travaille pour l'OMS depuis 2002. Elle a récemment été nommée chef du Groupe  « IARC Handbooks of Cancer Prevention » au sein de la Section « Evidence Synthesis and Classification »

Le Centre International de Recherche sur le Cancer de Lyon était un projet de Charles de Gaulle, créé vers la fin des années soixante. 1971 a vu la création du programme des Monographies, consacré à l'évaluation des risques potentiels d’agents chimiques sur l'apparition du cancer. En 1995, la Série des Handbooks est venue compléter celles des monographies, en utilisant les mêmes procédures pour identifier et évaluer des composés, stratégies ou interventions qui permettent de prévenir le cancer (prévention primaire) ou de le détecter à un stage précoce (prévention secondaire).

Selon l'OMS, en 2014, plus d'1,9 milliard d'adultes se trouvaient en situation de surpoids, dont 600.000 obèses.

Merci au docteur Lauby-Secretan qui a accepté de consacrer du temps à répondre à nos questions. (Pierre Neufcour)

Lien permanent Catégories : Santé

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