Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jean Donneau de Visé

AC476655-B44E-4A26-9F58-6D205FC567A2_4_5005_c.jpeg

1. VISE, MOI JE NE CONNAIS QUE JEAN DONNEAU DE VISE………DEMANDONS A MOLIERE, SON PRINCIPAL RIVAL

Le théâtre actuel vit de trois canaux : le public, les ventes et surtout les subventions. Mais il y a plus de 350 ans, les troupes théâtrales vivaient surtout grâce à des protecteurs nobles ou ecclésiastiques. Molière ainsi qui mourut le 17 fevrier 1673 fut protégé par Louis XIV mais avait plusieurs rivaux dont un certain Jean Donneau de Visé. Celui-ci écrivit quelques pièces (qui ne sont plus jamais jouées) comme la mère coquette (1665), puis en collaboration avec Thomas Corneille et après la mort de son rival, Circé (1675) ou la devineresse (1679). Il se rabibocha avec la troupe de Molière par après. Venons en à Jean Donneau de Visé. Son bisaieul Gilles quitta la ville mosane au 16e s. et fut rapidement un des valets du roi de France, Charles IX (1550-1574). Donneau de Visé a une autre plume à son chapeau : d’avoir fondé en 1672 une revue qu’il appela le Mercure galant, un périodique consacré aux nouvelles du théâtre des arts, de l’édition mais aussi aux potins de salon et aux chansons galantes. Pourquoi Mercure ? car ce dieu latin est un voyageur et protège le commerce : ce périodique que l’on peut comparer à Paris-Match et parfois à ici Paris évoque la vie de la royauté et est une sorte d’historiographie royale. Cette revue arrêtée pendant trois ans de 1674 à 1677 s’appela en 1724 après la mort de Donneau de Visé (1710) le Mercure de France. Cette revue cessa d’exister sous ce nom en 1965 mais est reprise sous un autre nom par Gallimard.

La société archéo-historique de Visé a d’une part invité Monique Vincent en 1993, auteure d’un doctorat français sur Donneau de Visé et d’autre part a mis ce personnage en avant dans la journée du patrimoine de 2008 à .l’église de Devant-le-Pont (affiche), sans oublier le circuit DVD d’Artagnan présenté dans des autocars et réalisé par Jean-Pierre Lensen, aidé par l’atelier vidéo de Berneau et Annick Masset.

Mais indépendamment d’une biographie intense, jetons un coup d’œil sur la revue de 1673, année du siège de Maestricht par Louis XIV. Un des correspondants parisiens va envoyer à sa rédaction ces descriptions que nous nous plaisons à rappeler.

2. DONNEAU DE VISE : VISE VILLE SUPERBE ???? ET LIEGE VILLE GERMANIQUE OU ITALIENNE

Le campement de l’armée du roi est à l’endroit le plus beau que j’aie jamais vu. Il est dans une campagne fort unie, qui a pour bornes d’une chaîne montagnes couvertes de bois et de paysages délicieux (nous pensons que c’est la dite montagne Saint-Pierre) et de l’autre la Meuse, qui est une rivière fort spacieuse, sur laquelle est bâtie un château fort agréable et bien gardé par les Espagnols (est-ce Argenteau ou Navagne ?) . On voit encore du camp la ville de Viseyt (Visé), qui est presque toute bâtie de briques et par compartiments.

Suit une lettre écrite de Liège :

3. MAISONS ET RUES DE LIEGE

Nous arrivâmes hier à neuf heures du matin. Cette ville m’a paru fort semblable à celles d’Italie. Ses bâtiments n’en sont pas réguliers mais ils sont tous peints et colorés de différentes manières, ce qui en fait un agréable objet à la vue, la plupart paraissent de briques encore qu’ils n’en sont pas. On s’y sert souvent d’une certaine pierre grise et dure qu’il ressemble beaucoup au marbre. Les dedans des maisons sont pavés de petits carreaux de toutes couleurs. La batterie de cuisine es toujours fort nombreuse et fort luisante en ce pays et l’on doit peu s’en étonner, puisqu’elle ne sert presque jamais !! Les crémaillères y sont plus claires que du verre, parce qu’on n’y trouve point de bois, mais bien d’un certain charbon de terre q….u’ils ont ici le secret de purifier et de rendre en masses grosses comme des melons. Ils ont de certains brasiers d’acier, qui sont étroits comme des hottes de boulanger à trois ou quatre étages ; Ils mettent de ce charbon dedans qui rend une chaleur prodigieuse et ne salit point l’âtre. Les pas et les environs des portes sont revêtues de pierres noires comme du marbre, et bien souvent de marbre même. Il y a des sièges de même matière aux deux côtés des portes avec des appuis de fer si poli, qu’il parait aussi luisant que l’acier. Les rues sont fort nettes mais les pavés sont si petits qu’il y a du danger pour les chevaux. On y voit deux ou trois belles places en cette ville dans l’une desquelles sont deux fontaines très belles qui jettent de l’eau par plusieurs endroits (Place du Marché ?). La Meuse passe à travers de la ville et il y a un pont de pierres (Pont des Arches). Les marchandises y sont en quantité mais chères (déjà ?). Il y a un palais, un hôtel de ville et de belles églises où le marbre est en assez grande confusion.

4. LES HABITANT-E (s) Succulent ou ???? vu par un parisien

Tout est passablement beau, hors la plupart des femmes. Les hommes sont gros et ventrus et beaucoup ont des visages à la romaine. Ils parlent presque tous allemand (N’ ont-ils pas confondus avec le wallon), aussi leur propreté extérieure tient-elle beaucoup de cette nation. Ce n’est pas seulement en quoi ils l’imitent puisqu’ils boivent autant que les Allemands et qu’ils engagent tous leurs amis à en faire de même, de sorte que l’on voit quelqu’un de ces habitants, on est bienheureux si l’on est quitte pour une douzaine de coupes. L’eau n’y vaut rien du tout , encore que dans chaque maison il y ait une citerne, où l’on dit qu’elle se purifie. Les femmes s’habillent ici tout à fait mal. Les hommes n’y portent le manteau qu’en noir et les paysans sont tous vêtus d’une souquenille bleue (sarrau) et leurs enfants aussi .

5. UNE ANECDOTE SUR LE BON COTE DES LIEGEOISES

Vous ne sauriez croire la multitude de gens qui viennent voir le roi (Louis XIV).ni quelle joie leur inspire sa présence. Il vient présentement d’arriver une chose que je trouve assez remarquable pour vous être racontée. Un soldat ayant par mégarde lâché un pistolet près du Louvre et ayant été condamné à être pendu, une Liégeoise mue de compassion s’alla présenter à monsieur le duc de La Feuillade (gouverneur de la place de Maestricht) pour avoir sa grâce . Il la renvoya au roi devant qui elle se jeta à genoux et la lui demanda. Sa Majesté voulut savoir d’elle par quel motif elle parlait en faveur d’un homme qu’elle ne connaissait point et si c’était qu ‘elle voulut l’épouser. Elle répondit que non, que la pure charité la portait à parler pour lui et qu’elle avait un frère dans ses troupes , à qui si pareil malheur était arrivé, elle aurait été bien aise qu’on eut pardonné. Le Roi s’éloigna d’elle en lui disant que qui tirait près du Louvre devait être condamné. La pauvre fille ne se rebuta point, et tirant ce grand Monarque par son habit : « N’accorderez vous pas, Sire, lui dit-elle , cette grâce à une Liégeoise qui vous la demande » Elle dit cela avant tant de naïveté , que le Roi lui répondit avec ce fort rire qui gagne tous les cœurs. Oui, je vous l’accorde et je veux qu’il vous en vienne remercier….

J.P. LENSEN (SRAHV)

Écrire un commentaire

Optionnel