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IL Y A 250 ANS EXACTEMENT, LE VENDREDI 20 DECEMBRE 1771, VISE ÉTAIT SOUS LE FEU DE LA JUSTICE

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(Image d'illustration, je n'ai pas trouvé de photo d'époque)

Dans l’histoire visétoise, plusieurs familles ont marqué de leur empreinte la cite mosane dont la famille de Warrimont. Nous aurons à cet égard une pensée émue pour un membre de cette famille, habitant Devant-le-Pont, chercheur assidu décédé récemment, Alfred de Warrimont, né à Noorbeek le 10 juin 1943 et décédé à Visé le 6 décembre 2021. Nous réitérons nos condoléances à la famille.

 

Cette famille fut liée à une affaire judiciaire qui fit trembler dans ses fondements non seulement Visé mais aussi la Principauté de Liège., l’affaire dite Sartorius. Rappelons les faits.

Hasard du calendrier, il y aura ce 20 décembre 2021, exactement 250 ans, qu’elle a été enclenchée.. Ce soir-là, un vendredi, une jeune femme de 28 ans, prête d’accoucher, Marie-Madeleine de Warrimont a un rendez-vous dans un coin secret à Souvré, près du gué de Meuse (actuellement face à l’hôtel Mosa). Un jeune chanoine, Ferdinand Sartorius doit trouver un accord avec cette dame. La famille notable des Sartorius ne veut pas de cette aliance avec une famille de classe inférieure car le probable père est le jeune et turbulent cadet Henri-Eustache Sartorius. Le problème, c’est qu’il ne vient pas tout seul, deux serviteurs l’accompagnent. Peu après arrive ce frère cadet et devant le refus de céder au chantage de la famille, qui ne veut pas de cette mésalliance, la jeune femme, malgré plusieurs supplications est tuée de plusieurs coups de couteau et son corps est jeté à la Meuse. Le lendemain, des pêcheurs retrouvent son corps que la Meuse n’a pas emporté et commence une affaire de justice qui va durer plus de 7 ans et faire trembler la justice d’ancien régime. Pourquoi donc ? La justice visétoise était trop impliquée par les deux familles, qui étaient voisines, rue Raskinroy. L'affaire fut alors portée devant le tribunal de Liège. La maladresse de la défense (assurée par Jean-Jacques Sartorius, avocat et frère de l'accusé), les impertinences du turbulent cadet Henri-Eustache, les témoignages contradictoires (les deux serviteurs, témoins du drame, d’abord réfugiés aux Pays-Bas autrichiens puis rendus à la justice liégeoise mourront sous la torture), et il faut bien le dire, des faits très troublants, font que Henri-Eustache sera déclaré coupable, torturé et condamné à mort. Pourtant, un coup de théâtre s'est produit en février 1777. Ferdinand Sartorius, le jeune chanoine (sans être prêtre), à la collégiale de Visé, frère de l'accusé, fait parvenir au tribunal, sa confession, dictée à deux notaires, signée de deux témoins. Il s'accuse du crime en fournissant tous les détails. En fait, c'est lui qui était l'amant de Marie-Madeleine Warrimont. Il lui a donné rendez-vous dans une prairie en bord de Meuse, ils auraient eu une dispute à propos de la grossesse de la jeune fille et, pris d'une rage soudaine, il l'a tuée. Après avoir dicté sa confession, Ferdinand disparut. On ne le revit plus jamais à Visé, mais bien finalement en Espagne ( ?). Mais ses aveux n'ont pas convaincu le tribunal et son jeune frère sera tout de même supplicié. Le prince-évêque de Velbruck refusa de l’amnistier, vu l’horreur du crime : avoir massacré une femme portant un enfant. Plusieurs auteurs ont étudié cette affaire de justice : la version romancée par l’avocat Willy Vandevoir en 1941, et les aspects de justice par le visétois, licencié en droit Paul Bruyère et l’historien de Visé, John Knaepen. Pour lui, il inaugura par ce fait de justice une série inédite sur la Justice ancienne, qui fait autorité.

Parti de Liège le mercredi 3 mars 1779, Henri-Eustache est placé sur une claie tirée par un cheval. Plus de 40.000 spectateurs ! se retrouvèrent tout au long de cette route passant par Vivegnis puis après le passage de la Meuse revenant sur les lieux du drame puis au lieu de cette exécution, rue de Berneau, face au chemin de la Wade. Là, Henri-Eustache est mis sur une roue [...]. Le bourreau prend sa barre de fer. [...] La barre traverse l'air et s'abat avec un bruit sourd sur les membres nus, broyant les chairs, rompant les os. [...] Un instant après le supplicié est étranglé par un noeud coulant." Et la foule chanta... le Salve Regina ! ! se disant qu’on avait peut-être mis à mort un innocent.

Le musée de Visé a organisé plusieurs balades contées sur cette affaire de justice qui a mis à mal la justice d’ancien régime. Nous eûmes la surprise de compter parmi les participants des membres de la famille de Warrimont, dont la plupart habite encore au Limbourg hollandais.

Pour la SRAHV et le musée régional, Jean-Pierre et Lucy Lensen

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