« J’aurais tellement voulu poursuivre mon activité. Je prenais énormément de plaisir à servir mes clients. Malheureusement, ma santé ne le permettait plus. J’ai ainsi dû fermer mon magasin, à contre-cœur ».
C’est par ces mots que Mariette Pinckers nous accueille à son domicile, situé dans le centre du village de Richelle, à quelques mètres de son ancienne supérette. « Ce magasin faisait partie intégrante de mon quotidien. Le fermer était l’une des étapes les plus difficiles de ma vie ».
Tout a commencé en 1957 pour cette dame, aujourd’hui âgée de 81 ans. « Je venais de déménager. Mes grands-parents étaient boulangers à Richelle. Mais ils sont décédés assez jeunes. Ma grand-mère n’aurait pas su poursuivre l’aventure seule. Nous avons donc dû changer notre fusil d’épaule. Une boulangerie a été achetée par Clément Dessart. Quant à moi, j’ai repris l’autre endroit en 1959 et j’en ai fait un magasin où je vendais de tout, pour le plus grand bonheur des villageois ».
Il y a toutefois un produit que Mariette Pinckers n’a jamais souhaité proposer à ses clients : l’alcool. « Je n’en n’ai jamais vendu », lance-t-elle en haussant le ton de sa voix. « Il fallait une licence spéciale pour être autorisé à vendre de l’alcool, mais ça ne m’intéressait pas. Cela aurait très clairement compliqué ma comptabilité. Comme je disposais d’un public fidèle, personne ne m’en a tenu rigueur. C’était mon choix ».
Il faut dire que cette supérette était devenue bien plus qu’un petit magasin. C’était un véritable endroit de rencontre où la convivialité et le respect étaient des valeurs partagées tant par Mariette que par ses clients. Certaines personnes avaient l’habitude de passer de longues minutes à discuter avec d’autres villageois dans ce commerce. On peut donc dire que ce magasin faisait partie intégrante de la vie des Richellois.
C’est donc avec des souvenirs plein la tête que Mariette a fermé son magasin. « J’ai eu quelques soucis de santé liés à mon âge. Il faut dire que je travaillais sans compter. Mais je devais me rendre à l’évidence : je ne suis plus capable de tenir une journée entière. Il s’agit d’une ancienne demeure : il y a plusieurs marches. C’était trop fatigant, à mon âge, de poursuivre une telle activité. Mes clients l’avaient compris. Quand il fallait monter sur une escabelle pour prendre un produit situé sur une rangée un peu trop haute, ils me proposaient de faire cet effort pour moi. Raison pour laquelle je tiens aussi à remercier ma clientèle »
À présent, Mariette Pinckers prend du temps pour elle. Un repos bien mérité pour une dame qui a permis de dépanner pas mal de personnes grâce à son magasin, un commerce qui était devenu, au fil du temps, bien plus qu’une simple supérette locale.
(Yannick Goebbels)