Bernard Aussems, ancien président du CPAS de Visé, va toucher cinq ans de jetons de présence. Il avait pourtant décidé de ne pas les toucher pendant sa mandature. Six ans plus tard, il change d’avis. Le collège avait refusé sa requête mais la Région lui a finalement donné raison.
Le conseil communal prévu pour ce lundi risque de créer pas mal de remous à Visé. La raison ? Le conseil sera averti que son ancien président de CPAS, Bernard Aussems, est autorisé par la tutelle régionale à toucher pas moins de cinq ans de jetons de présence. Une somme qui s’élève à 7000 euros brut. Ces jetons, il aurait normalement dû les toucher pendant sa mandature, il en avait d’ailleurs légalement le droit.
Mais à Visé, il est coutumier que les présidents de CPAS ne touchent pas leurs jetons de présence comme c’est le cas pour les autres conseillers communaux. Faisant désormais partie du collège communal, les présidents de CPAS touchent, comme les échevins, un traitement mensuel qui avoisine, à Visé, les 1800 euros net par mois. Pour éviter de cumuler ces deux rentrées d’argent, les présidents de CPAS renoncent à leurs jetons de présence de conseiller, pour ne toucher exclusivement que leur traitement.
Mais en janvier dernier, Bernard Aussems crée la stupeur. L’élu Ensemble, parti apparenté cdH, réclame ces fameux jetons de présence qu’il avait pourtant décidé de ne pas toucher pendant sa mandature. Une décision qui n’a pas manqué de surprendre le collège communal emmené par le MR et le PS : « Nous sommes partagés », explique Viviane Dessart, bourgmestre de la commune. « À partir du moment où l’on renonce à ses jetons, ce n’est pas pour revenir en arrière une fois qu’on est plus dans la majorité. »
Une des raisons avancées pour expliquer cette volte-face, résiderait dans le fait que son parti Ensemble a été éjecté de la majorité lors des dernières élections communales. Bernard Aussems, et son parti, se sont donc retrouvés dans l’opposition après avoir partagé le pouvoir avec le MR qui a, de son côté, négocié un nouveau pacte de majorité avec le PS. L’élu Ensemble avait dès lors perdu son traitement.
« nourrir ma famille » »
Côtés dates, cette explication pourrait se vérifier. En effet, Bernard Aussems a introduit une demande auprès de l’ancien collège communal entre la tenue des élections et l’installation du nouveau conseil. On pourrait donc croire qu’il a décidé de revenir sur sa décision en voyant les portes de l’opposition s’ouvrir à lui.
Contacté par nos soins, l’intéressé réfute catégoriquement cette explication : « Lorsque je suis devenu président du CPAS, j’ai renoncé à un poste à temps plein dans l’enseignement. J’ai dû travailler à mi-temps. En plus de cela, j’ai dit à la ville que s’ils oubliaient de me verser les jetons de présence, je ne leur rappellerais pas. Je n’ai pas renoncé, j’ai juste fait en sorte de ne pas les toucher », explique Bernard Aussems. « Lorsque j’ai vu que je ne percevrais plus mon traitement, j’ai demandé que la ville me verse des jetons pour couvrir les mois de janvier et février. C’est le temps qu’il me fallait pour retrouver mon temps plein. Mais ça m’a été refusé par l’ancien collège communal qui ne m’a octroyé que l’année 2018. J’ai demandé la même chose au nouveau collège une fois celui-ci installé, et ça m’a également été refusé. Vu que j’y ai droit légalement et qu’on me refuse de me couvrir pendant deux mois alors que je n’ai rien fait pour toucher ces jetons pendant la mandature, j’ai décidé de demander la totalité de la somme ».
Après le second refus, Bernard Aussems a envoyé un courrier à la Région wallonne, organe de tutelle. La désormais ancienne ministre des Pouvoirs locaux, Valérie de Bue, a finalement donné raison à l’élu visétois qui touchera donc bel et bien ses 7000 euros brut dans les mois à venir.
STEFANO BARATTINI (La Meuse)