L'auteur de ce texte poétique est un ami. Toutes les années il me fait parvenir sa dernière "création". Voici celle de 2022 que je ne puis m'empêcher de partager avec vous.
Le vent l’avait emmené là.
Il avait poussé à cet endroit, les pieds arrosés par la pluie mais le corps protégé par un manteau d’écorce qui au fil des ans se durcissait avant, telles des rides, de se creuser et de former des sillons témoins du temps qui passe.
Non loin, une autre semence l’avait rejoint. Longtemps il ne l’avait pas vue, trop occupé à grandir, à vivre sa propre métamorphose. A, lentement, devenir.
Elle aussi traçait sa route sans savoir qu’un jour viendrait où un alizé les rapprocherait.
Puis ils avaient fusionné leurs destins.
Le hasard fait bien les choses, d’ailleurs existe-t-il seulement ?
Est-il le prétexte de la destinée ?
Le hasard, la chance, le destin.
Et si ce n’était que le vent ?
.
Ils entrelacèrent leurs branches et l’union des troncs se fit. Naturellement.
Ils étaient deux, ne faisant plus qu’un.
Il y avait déjà plus de quarante ans de ça...
Quelques branches avaient craqué, des feuilles tombées tapissaient le sol des projets inachevés et des malheurs partagés, mais c’était là la sève de nouveaux départs, de demains verdoyants, de nouvelles forces et de futurs communs.
Cette rencontre lui avait permis d’être, de garder ses doutes en se nourrissant de confiance, de trouver force en acceptant ses faiblesses, de vivre émotion et raison, folie et sagesse, ombre et beauté. De progresser, d’avancer sur son chemin, comme elle sur le sien. Parallèlement. Côte à côte. Ensemble. Fusionnés.
C’étaient l’automne dans leur vie mais ils contemplaient, à deux, les nouvelles pouces qui germaient près de leurs racines.
Leurs rires n’étaient pas toujours les mêmes, leurs talents non plus comme les peurs différentes qu’ils échangeaient pour mieux avancer ou se rassurer. Leurs aspirations souvent semblables ils partageaient des visions de la vie et des valeurs, puis des sentiments colorés d’arc-en-ciel.
Les hommes parlaient d’amour, la nature d’harmonie.
Ils regardaient tous deux vers le soleil et vers le ciel.
Leur porte s’ouvrait vers l’infini.
Elfes et lutins chantaient et dansaient devant tant de félicité.
Elle battit d’un rayon de soleil la clairière voisine, et ses cils clignèrent sur son visage.
Faons et biches traversèrent la prairie sauvage. Était-ce des enfants et leurs mères ?
Son regard se détacha de la forêt et laissa échapper, avant un tendre baiser, un doux « Bonne année ».
Comment aurait-il pu en être autrement à ses côtés.
L’intensité des regards, la flamme qui brûlait en leurs yeux, les coeurs battaient à l’unisson.
Il répéta : « Bonne année ». Cela suffisait. Puis il posa lui aussi ses lèvres sur sa joue.
Avant d’une voie commune pour la famille et les amis, de murmurer « Bonne année. On vous embrasse. »
Ces paroles s’envolèrent.
Un vol d’oiseaux fendit le ciel et une étoile filante l’univers.
Le 29 novembre 2021
Jean-Marie KREUSCH