Philippe et Christine vivent à Hermée. Il est commercial et elle est fonctionnaire. Lundi en rentrant du travail Christine constate qu'il n'y a plus de courant chez elle. Elle va examiner le compteur et les fusibles, mais tout lui semble normal. Comme son compagnon n'est pas encore rentré du travail, elle contacte deux membres de sa famille. L'un après l'autre, les deux hommes examinent l'installation sans rien découvrir d'anormal. Tout est bien enclenché. Il semble que le compteur ne soit pas alimenté. Un électricien professionnel est alors appelé. Nous sommes en soirée et il commence à faire froid dans l'habitation, plus rien ne fonctionne. L'homme de métier ne constate lui non plus rien d'anormal.
"L'électricien a donc téléphoné chez Resa, explique la jeune femme. On lui a répondu que leur société avait coupé l'alimentation en énergie dans l'après-midi, suite à une demande de Luminus. Chez Luminus, les bureaux étaient fermés, je devais attendre le lendemain. Pas de lumière, pas de chauffage, plus rien ne fonctionnait. De plus, nous avions peur pour l'élevage de poissons d'aquarium de Philippe". Le couple va donc loger chez les parents du jeune homme.
Mardi matin, Philippe enchaîne les appels téléphoniques. Chez Resa, il apprend que la demande de coupure d'énergie leur a été faite par Luminus... au mois de mai l'année dernière !!! Surchargés, ce n'est que maintenant qu'ils ont pu exécuter cette demande. Fameux retard : neuf mois ! On confirme à Philippe que toutes ses factures sont payées, qu'il ne doit rien à personne.
"Chez Luminus, explique alors Philippe, on m'a rappelé qu'au mois de mai j'avais payé une facture en retard. Comme je n'étais pas d'accord de payer une amende pour quelques jours de retard, ils m'avaient proposé de m'installer un compteur fonctionnant avec une carte prépayée, ce que j'avais immédiatement refusé. Le mois suivant, la situation était réglée, j'avais payé ce qu'ils exigeaient et ma maison a continué d'être alimentée en énergie. J'ai toujours payé ce que je devais. Ce que j'ignorais, c'est qu'au mois de mai, Luminus avait demandé qu'on débranche mon raccordement"
Pour tenter de savoir comment une telle décision pouvait être prise alors qu'il fait -12/-13 les nuits nous avons contacté aussi bien Resa (le transporteur d'énergie) que Luminus (le fournisseur du client).
Chez Resa, notre correspondant nous a expliqué que vu le retard accumulé dans leur service, ils n'avaient pu effectuer la coupure plus tôt. Quand à savoir pourquoi la décision de débrancher l'alimentation électrique avait été exécutée lors des conditions météos actuelles, ils n'ont pas désiré communiquer.
Luminus reconnaît son erreur et présente ses excuses au couple. La société a effectivement demandé à Resa d'interrompre l'alimentation en électricité des jeunes Herméens en mai 2011. Le mois suivant, lorsque la situation administrative a été réglée, on a "oublié" d'annuler la demande de coupure auprès de Resa. Luminus insiste sur le fait que le retard de plus de huit mois ne leur est pas imputable.
Philippe, qui travaille pour un grand groupe pétrolier, a son bureau à la maison. "Je ne savais même plus envoyer un mail" précise-t-il. Et Christine d'ajouter "Heureusement que nous n'avons pas encore d'enfant ! Vous voyez un petit bout dans une maison où il n'y a que 10 degrés ? Il y a bien un feu ouvert dans notre living, mais nous ne nous en étions jamais servis. Nous avons dû emprunter quelques bûches. En plus, le ventilateur ne fonctionne pas, puisqu'il est électrique"
"Si ils ont le malheur de me réclamer des frais pour le débranchement et le rebranchement, ils entendront parler de nous" tempêtait Philippe, "c'est de leur faute, nous ne devons rien à personne"
La chaîne du froid ayant été rompue, le contenu du congélateur doit être jeté. Quand aux poissons d'aquarium, hier en fin de journée, un voisin compatissant avait tiré une allonge de chez lui pour permettre de rebrancher le système de chauffage et d'aération. Aura-ce été suffisant ?
Mardi à 19h30, un technicien Resa est venu effectuer le rebranchement en électricité. Le brave homme n'a évidement pas voulu émettre de commentaire sur la situation, mais son regard en disait long.
Philippe et Christine terminent : "Nous pensons que c'est quand même grâce à vous, la presse, que nous avions avertis, que les sociétés se sont dépêchées de réparer leur "boulette". Sans vous, nous sommes persuadés que nous aurions encore pu attendre..."