Alain Lambert, le chef de la police de la Basse-Meuse part à la retraite: «Mon regret? Que le Fédéral n’ait pas adapté le financement des zones de police à l’évolution de la criminalité»
Après 12 ans passés à la tête de la police de la Basse-Meuse, le commissaire-divisionnaire Alain Lambert partira à la retraite ce 31 juillet. Il tire avec nous le bilan de son mandat et nous parle de son futur et de son successeur.Commissaire, comment vous sentez-vous à un peu plus d’un mois de votre retraite ?
Un sentiment mitigé. D’un côté, je suis content. J’ai fait mon temps. Mais d’un autre, il y a encore tellement à faire avec un certain nombre de difficultés qu’on sent venir. J’aurais aimé affronter ces défis.
Lesquels ?
D’abord budgétaires. Les finances de la zone sont saines et on va pouvoir continuer à investir et recruter, mais il faudra faire attention à ne pas jeter l’argent par les fenêtres. Ensuite, il y a l’adaptation à l’évolution sociétale. Le personnel doit se professionnaliser de plus en plus pour faire face à l’agressivité verbale et physique des gens. On doit aussi tenir compte de l’évolution de la mentalité par rapport à la valeur du travail. On ne peut plus faire l’économie de la qualité de vie recherchée par nos jeunes collaborateurs.
Vos plus belles réalisations ?
C’est bien évidemment au niveau des infrastructures où j’ai poursuivi le projet lancé par mon prédécesseur Jean-François Adam : le nouveau commissariat central, et bientôt un nouveau commissariat à Dalhem et un bâtiment rénové à Bassenge. On nous envie nos infrastructures. J’ai aussi essayé d’améliorer le bien-être au travail avec pas mal d’investissements au niveau de l’équipement, de l’armement… On investit aussi au niveau des nouvelles technologies pour permettre un travail de terrain de qualité. Et pour tout ça, je tiens à remercier tous les membres successifs du collège de police. J’ai eu la chance de travailler avec des gens de parole. Quand une décision est prise, on ne revient pas dessus et ça, c’est très soutenant. Et puis, il y a évidemment les différents partenaires (établissements pénitentiaires, parquet, police fédérale…) avec qui, je pense, la collaboration est très bonne.
Vos plus grands regrets ?
Que le Fédéral n’ait pas adapté le financement des zones à l’évolution de la criminalité et ne tienne pas compte non plus de l’évolution démographique de la zone.
Chef de zone, c’est une fonction qui demande une grande disponibilité. Qu’allez-vous faire de tout ce temps récupéré ?
Ma compagne Renata part à la retraite en même temps que moi. Nous allons donc voyager, et j’espère réaliser mon rêve d’aller aux États-Unis. Nous allons aussi nous mettre au golf. Et puis, je viens de rentrer au conseil d’administration du Pesant club liégeois dont mon frère Fernand est le président. Je vais lui donner un coup de main.
Un dernier mot sur votre successeur Christian Dejace ?
Je pense que c’est un bon choix. Compte tenu des défis à venir, la zone avait besoin d’un homme d’expérience et ça fait 15 ans qu’il est chef de zone. Je pense qu’il est donc suffisamment armé pour faire face à un certain nombre de difficultés. Et j’espère qu’il s’en tiendra à une politique de respect des valeurs humaines, politique qu’il mène déjà au sein de sa zone, et qu’il saura maintenir la zone Basse-Meuse dans une police de qualité par les moyens qu’on lui donnera et ce pour le bien-être de la population.
Vendredi dernier, la zone a mis les petits plats dans les grands pour souhaiter une bonne retraite à son chef de corps. Une réception était ainsi organisée à la caserne de Saive où Alain Lambert, escorté par les motards de sa police, a été accueilli, avec son épouse, par une haie d’honneur. Haie formée par des policiers mais aussi le personnel civil.
Et c’est sous les applaudissements nourris que le couple a remonté la haie. Politiciens de la Basse-Meuse, mais aussi pratiquement tous les autres chefs de corps de l’arrondissement de Liège étaient présents à cette réception. S’en sont suivis toute une série de discours. Et parmi les plus touchants, on ne peut qu’épingler ceux de ses amis, mais surtout son frère Fernand et son fils Adrien. C’est Alain Lambert qui a pris la parole le dernier pour remercier, comme il se doit, l’ensemble de son équipe avant de souhaiter bonne route à son successeur.