Des cours philosophiques …
Une dénomination impropre pour des cours de religion et de morale laïque qui font à nouveau débat depuis ce 12 mars. Non obligation constitutionnelle, droit de dispense et fréquentation facultative de ces cours ont relancé un débat qui depuis les années cinquante anime le monde de l’école, de l’état et de la religion et donc du monde laïque en général.
Le Pacte scolaire, équilibre constitutionnel au terme de ce l’on a appelé « la guerre scolaire », s’en trouve ébranlé dans ses fondements de l’époque.
Aujourd’hui, notre société a évolué et n’est plus fondée uniquement sur une base judéo-chrétienne qui a dominé l’histoire de notre pays. D’autres influences religieuses mais aussi et surtout les valeurs laïques dont nous sommes les défenseurs ont trouvé leur place dans la société.
Les hommes politiques qu’ils soient de gauche, de droite ou du centre devront se trouver une majorité des deux tiers s’ils veulent réviser la Constitution et statuer sur la suppression pure et simple de ces cours dits philosophiques. A ce jour, rien ne dit que c’est cette proposition qui sera faite !
Un autre scénario serait d’introduire un enseignement commun de la citoyenneté pour une des deux heures mais quid des élèves dont les parents opteraient pour la dispense du cours philosophique et quel serait l’impact sur les pertes d’emploi des titulaires de ces options ? Ces professeurs de religions et de morale laïque seraient-ils invités à suivre une nouvelle formation qui devrait en faire des professeurs « neutres » pour un mi-temps et « engagés » pour l’autre.
Or les professeurs de religion désignés par les organes chefs de culte ne sont pas neutres et ceux de morale laïque ne peuvent non plus être réputés neutres dans leur ensemble même s’ils ont été choisis par les pouvoirs publics qui sont la Communauté française, les provinces ou les communes.
Une troisième piste mais qui ne résout pas le problème des emplois actuels serait celle de créer un cours de philosophie dont l’enseignement est neutre au plan convictionnel et qui permet un questionnement ouvert et critique loin des dogmatismes quels qu’ils soient.
Reste la grande question : les religions ont-elles leur place à l’école ?
Cette école qui se veut ouverte à tous, respectueuse des différentes races, cultures et religions mais qui doit pour ce type de cours séparer ses élèves, cette école peut-elle être celle du « vivre ensemble » ?
Vivre en société n’est pas toujours chose aisée mais quel bonheur de pouvoir participer à sa construction… N’est-ce pas là le premier devoir de l’homme libre ?
Jean-Claude DETRIXHE
Président du CAL Basse Meuse