- Cette affaire a déjà fait couler pas mal d'encre en très peu de temps. Un homme de 65 ans, concierge d'un établissement d'enseignement, l'Académie de musique César Franck, a tiré "à blanc" en direction de quelques enfants qui "faisaient trop de bruit" pendant la récréation. On peut légitimement se poser la question de savoir si un homme, qui réagit avec une telle violence devant des petits de moins de 10 ans, occupe un emploi pour lequel il est qualifié...
D'emblae il faut signaler que le groupe est composé d' enfants de 7 à 10 ans et que les principales victimes sont deux petites filles qui jouaient à proximité de l'entrée des toilettes.
Nous avons pu rencontrer deux papas, outrés surtout par l'absence de réaction des adultes chargés de l'encadrement des petits et principalement par la tentative de minimiser, si pas de dissimuler ces faits graves de la part de certains responsables politiques.
Les interviews
Ils désirent tous deux préserver leur anonymat, afin d'éviter à leur deux petites questions et commentaires à la rentrée des classes. Nous les appellerons donc Albert et Bernard. Nous les avons rencontrés hier en début de soirée, chez Albert.
" Ma fille (9 ans) a débuté hier matin (lisez lundi) un stage "Arts et Animaux" organisé par l'échevinat de la culture dans les locaux de l'Académie de musique. Vers 16h je suis allé la rechercher. Pendant le trajet du retour, dans la voiture, ma fille avait une attitude inhabituelle. Je lui ai demandé comment sa journée s'était passée. Elle m'a expliqué qu'elle avait eu "un problème avec un monsieur qui avait tiré avec une arme".
"Dans un premier temps, précise Albert, je me suis montré un peu incrédule. Je lui ai demandé des précisions quant aux faits, et à l'intervention d'adultes ou de la police"
La gamine va alors expliquer à son papa que "cela" s'est passé pendant la récréation de midi, peu avant la reprise des animations. Les petites étaient en train de jouer dans un couloir quand un "monsieur" - Barthelemy, le concierge - était sorti d'une pièce avec un pistolet en main. "Il a crié "dégagez d'ici, c'est mon local, et il a directement tiré", précise l'enfant qui ajoute "je me suis mise à courir très vite pour me sauver tellement j'avais peur d'être blessée. Je croyais d'ailleurs que mon amie avait été touchée".
Albert signale : "J'ai demandé à ma fille si elles en avaient parlé aux adultes chargés de la surveillance. Elle m'a répondu "on a été le dire aux deux madames mais elles ne nous ont pas crues." Albert a également fait préciser à sa fille si l'homme avait diré dans leur direction. "Pas directement vers nous, aurait précisé la jeune victime, un peu sur le côté, plus vers ma copine que vers moi, et il a visé un peu au dessus de nous".
A ce moment, persuadé de la réalité des faits, Albert fait demi-tour et revient sur les lieux. "Je me renseigne alors sur ce qu'il s'est passé, et on me répond qu'il y a bien eu un "incident", que le responsable est au courant, et que si je le désire, je n'ai qu'à écrire une lettre à l'échevinat !!! J'ai tout de suite signalé à mes interlocuteurs que je traversais la cour et allais immédiatement déposer plainte à la police"
Albert précise encore que dès qu'ils ont été mis au courant des faits, ( environ 4 hr après leur déroulement) les policiers sont immédiatement allés intercepter l'auteur - qui habite dans la cour du commissariat - qu'il aurait tout de suite reconnu les faits et n'aurait opposé aucune résistance.
Le papa termine : "Je m'insurge avec la plus grande fermeté contre le fait qu'aucun responsable de la ville (hormis madame Estelle, une animatrice) n'ait réagi, et qu'au contraire, certains ont tout fait pour tenter si pas de dissimuler les faits, à tout le moins de les minimiser. C'est ma fille qui m'a appris ce qu'il s'était passé. AUCUN responsable n'a rien dit aux parents qui venaient rechercher leurs enfants." Dans la soirée, la petite, assez perturbée par ce qu'elle avait vécu, devait rencontrer un médecin.
Bernard, lui, a été averti par Albert, qui avait pris l'amie de sa fille en charge.
" Nous sommes allés rechercher notre fille (10 ans), nous explique le papa. Dans la voiture, au calme, nous lui avons demandé de nous expliquer ce qu'il s'était passé. C'est ainsi qu'elle nous a bien précisé que c'était elle qui était la plus proche de l'arme au moment du coup de feu. Ma fille m'a assuré qu'elles n'étaient jamais allées frapper à la porte de cet homme, qu'elles ne l'embêtaient pas, qu'elles jouaient simplement pendant la récréation du temps de midi. Elle m'a précisé aussi que le "monsieur" n'avait pas tiré en l'air vers le plafond, mais bien droit devant lui, juste à côté d'elle". Bernard, lui aussi a "la rage" contre les adultes, les responsables, ceux qui n'ont rien dit...
A la police, lors de son audition, la gamine s'est effondrée en pleurs. Le contre-coup de la peur.
Il semblerait que lundi en fin d'après-midi, les parents ont été avertis par téléphone qu'une réunion d'information allait se tenir 1/2 Hr plus tard. "Comment voulez-vous quitter votre travail et être rentré à temps dans un laps de temps si court" nous dit encore Bernard.
Selon des sources recoupées, il semblerait que l'arme utilisée par le concierge soit bien un pistolet d'alarme, une copie d'un .38 Sp à canon court, permettant de percuter de petites amorces de 6mm. Facile a dire quand on a l'arme en main, mais lorsqu'on se retrouve en face du canon ...
Hier soir, nous apprenions que l'auteur n'avait pas été placé sous mandat et qu'il avait quitté le Palais de Justice. Interdiction lui aurait été faite de revenir sur les lieux. C'est la moindre des choses... (Pierre Neufcour).