Favoriser la voie d’eau pour le transport de marchandises est devenu un enjeu majeur de ces prochaines années. Il doit permettre la décongestion du trafic routier mais aussi la réduction de la pollution.
Le transport fluvial permet, en effet, de diminuer de 3 à 6 fois les émissions de CO2 par rapport à un transport par camions. Les instances belges et européennes ont donc fait du développement du transport fluvial une priorité. Et notamment entre Rotterdam et Liège.
« Les travaux réalisés sur la Maasroute aux Pays-Bas, sur le canal Albert en Région flamande, les nouvelles écluses de grand gabarit à Lanaye, à Ivoz-Ramet et celles en cours de construction à Ampsin-Neuville ainsi que les travaux de développement portuaire réalisés, tels que le Trilogiport, ou programmés sur le canal Albert, la Meuse et la Sambre, créent les conditions d’un accroissement important du transport fluvial dans les années à venir », expliquait, en mars 2020, Philippe Henry, ministre wallon en charge des Infrastructures, en réponse à une question parlementaire. « Le canal Albert est la voie navigable la plus importante de Belgique et de Wallonie. À ce titre, la Flandre réalise des travaux de suppression de goulet d’étranglement et de modernisation. Il apparaît essentiel de poursuivre cette liaison entre l’hinterland wallon (NDLR : la zone d’influence et d’attraction économique d’un port) et Anvers, deuxième port maritime européen après Rotterdam, au même gabarit. »
Quatre ponts à rehausser
Pour se faire, quatre ponts qui passent au-dessus du canal Albert vont devoir être rehaussés. Il s’agit des ponts de Lanaye, Lixhe, Haccourt et Hermalle. Cette rehausse sera respectivement de 0,40m, 1,60m, 1,80m et 1,70m. Elle permettra d’assurer une navigation avec une hauteur libre de 9,1m sur le canal Albert entre Anvers et Liège.
Ainsi, des péniches chargées avec quatre couches de containers pourront naviguer sans problème d’un bout à l’autre du canal. Leur chargement pourra ensuite poursuivre leur route, au départ du Trilogiport, soit par train soit par route. Cette rehausse permettra donc de désengorger le trafic routier autour de Liège, Anvers, Bruxelles et Rotterdam puisque ce sont 150.000 conteneurs qui pourraient ainsi être transportés par bateau plutôt que via 75.000 poids lourds. En termes de pollution, on estime que ce sont de 10 à 14.000 tonnes de CO2 qui ne seraient pas rejetées chaque année dans l’atmosphère.
Le pont de Hermalle-sous-Argenteau. - D.R.
Deux ponts en même temps
Estimé à 24,7 millions d’euros et financé dans le cadre du plan national pour la reprise et la résilience et du plan de relance wallon, ce projet est pour le moment au stade des études.
À bonne source, certaines informations nous sont arrivées, confirmées en partie par la porte-parole du SPW Voies Hydrauliques. Le rehaussement de ces ponts intégrera, par exemple, des cheminements cyclo-pédestres.
Pour le pont de Hermalle, sur lequel passe chaque jour 10.000 véhicules dont 20 % de camions, la vitesse sera limitée à 50 km/h. Cette limitation permettra de raidir un peu la rampe sans trop devoir l’allonger. Une vitesse qui doit aussi réduire les risques d’accidents à hauteur de la sortie de l’Aldi, située au pied de la rampe en rive droite. Les voiries de secours du Trilogiport qui débouchent au niveau de la rampe en rive droite devront être adaptées.
Quant au phasage des travaux, réalisés entre 2024 et 2026, il a été déterminé par une étude de mobilité. Les ponts seront rehaussés deux par deux soit Lanaye et Haccourt et Hermalle et Lixhe. Ce qui permettra de ne pas trop paralyser le passage d’une rive à l’autre même si on s’attend déjà à une période plutôt compliquée.