A côté du village de Noël, place de la Cathédrale, vous poussez la porte (une œuvre d’art) de cet édifice récemment restauré, la Cathédrale Saint-Paul. Dans la nef latérale droite, on se dirige vers le cloître. Le trésor de la Cathédrale s’ouvre à vous. Pour l’instant, une éblouissante exposition (une première fois reportée à cause de la Covid) présente depuis le 8 décembre 2021, du mardi au samedi de 10 h. à 17 h. et ce jusqu’au 6 mars 2022. Trente tapisseries de différentes dimensions. Ce n’est pas fini car 6 autres tapisseries sont présentées à l’Archéoforum de Liège, place saint-Lambert (le ticket d’entrée est commun).
Vous avez dit TAPISSERIES ? Ces parures de fêtes proviennent de SAUMUR (en Val de Loire). Ce patrimoine mondial de l’Unesco conserve ces parures commandées au 16e et 17e s. pour des églises et des abbayes par des particuliers, donc des pièces uniques. A côté de ces tapisseries ecclésiastiques, s’ajoutent d’autres chefs d’œuvre des 15e et 18e s. Ces productions sont rarement locales et proviennent d’ateliers parisiens, des Flandres (Malines, Bruxelles) ou des Marches. Au total, 58 tapisseries qui tournent régulièrement dans des expositions internationales. 36 sont donc visibles à Liège. Une monographie-catalogue fastueuse (336 p.) est à saisir. On y découvre aussi la manière d’avoir restauré une partie de ces documents et la technique bien particulière des tapisseries européennes (pour les distinguer des tapisseries sarrazines) : une série de corps de métier travaille à sa réalisation depuis le carton jusqu’aux listels à parachever. Nous avons été éblouis par certaines d’entre elles car à y regarder de près, les costumes, les attitudes, les décors intriguent : les Sauvages et leur combat contre les chevaliers, l’imbroglio de la vengeance de Notre-Seigneur avec le siège d’une ville. L’histoire sainte n’est pas en reste comme les anges porteurs des instruments de la Passion dans les tons rouges et bleus ou la Nativité de Jésus provenant de l’église de Nantilly. Huit événements de la vie de Marie, la mère de Jésus sont présentés de manière plus aérée (1670).
Autre saga, qu’il faut suivre en 8 pièces, celle de la vie de Saint Florian (Florent), provenant des ateliers de Paris en 1524. Ce saint ainsi biographié vécut à l’époque de St Martin. Ces bandes dessinées textiles comprennent des commentaires, des décors fleuris parfois exubérants, des personnages aux costumes actualisés. La plus récente est la tapisserie d’Aubusson (1959) due à Jean Lurçat et présentant une jungle. Bref, une magnificence qui vaut le détour.
J.P.Lensen (SRAHV-Musée Régional)