Jacques Crul présente le livre (Photo Blegny Mine)
Dans les fratries, les cadets sont souvent débrouillards. Le petit Joseph, cadet de la famille Andrien (les Visétois se souviennent de l’imprimerie du Grand frère, rue de la Trairie) a acheté une ancienne ferme à Mortier. A l’occasion de fêtes locales, il a accueilli des villageois et a exhibé une première pièce, qui fut suivie de milliers d’autres : une fourche à deux dents. Ce fut le début d’un musée de la vie rurale qu’il qualifia de musée de la Fourche. Terme pour certains un peu réducteur mais pour d’autres dont des têtes pensantes des musées wallons, nom sympathique et exemplatif. Provoquant de nombreux dons et ce « concepteur et conservateur » étoffant ses collections lors de brocantes, a animé des articles dans le journal Blegny-Initiative. Ces outils, il a voulu savoir comment on les dénommait en wallon, langue plus facile à écouter, comprendre qu’à écrire. Il a suivi des cours et s’est fait aider par Albert Piron pour la publication de ce livre belgo-wallon de la collection Comté de Dalhem « QUAND LES OBJETS ET LES VIEUX OUTILS PARLENT ou en langue savante Ahèsses èt vîlès-ustèyes qui djazèt (un ° sur le a).
Le formidable de cette publication, préfacée par l’ancien gouverneur de la province de Liège, Paul Bolland et riche de 160 illustrations, 119 objets et 216 pages est de présenter chaque objet dans son contexte, de rappeler son utilité ou même sa nécessité. Les documents ont pour la plupart un nom et parfois l’auteur a dû leur trouver un qualificatif, épithète ou attribut !!
Un grand nombre de ces ustensiles est relatif à l’alimentation humaine (plus d’un quart) comme le fer à gaufre, des récipients divers, les cafetières, les chocolatières, les moulins à café qu’on ne compte plus……..le thé étant moins prisé…. L’auteur fait souvent appel à ses souvenirs de jeunesse avec grands parents, tantes et souvent le grand frère……
Les animaux jouaient aussi un grand rôle, pas seulement avec l’élevage (bovins, cochons, moutons) dont les célèbres écrémeuses Melotte mais aussi les oiseaux (le miroir aux alouettes, ergots de coq) Les jeunes savent-ils encore ce qu’est la tenderie ! Des jeux et la vie scolaire trouvent aussi grâce auprès de Joseph : les osselets, les jeux fabriqués de bric et de broc, les mallettes en bois puis en cuir et pour les fêtes de village, les bruyantes campes pour faire fuir les démons de l’endroit.
Question santé et hygiène, cela va des rince-œil à différents rasoirs, sans oublier ce qui agrémentaient les fins de semaine chez les plus vieux…..quand ils étaient jeunes, la tine. On était loin de la douche et de la baignoire. Une dizaine de rubriques concerne l’habillement : jusqu’à quand a-t-on porté des sabots et utilisé des fers en fonte pour repasser les vêtements ?
Quant à l’habitation et à son mobilier, imagine-t-on un batteur de matelas. C’était la débrouille et on utilisait les ressources locales. La mondialisation, on ne la connaissait pas. Le monde agricole et sa dizaine de rubriques comme les faulx, les pierres à aiguiser et j’en passe
Enfin les croyances et la religion jouent un rôle dans la vie rythmée que connaissaient nos campagnes : crucifix, souvenirs de baptême, de communions ou funéraires.
L’intérêt aussi de cette mémoire rurale est de l’avoir présentée comme des coups de cœur.
Nous avons eu beaucoup de plaisir à le lire ……Chaque notice française est suivie de sa traduction wallonne. A recommander non seulement aux nostalgiques, aux curieux de tout ou de leur patrimoine. Car n’importe quel objet peut raconter une tranche de vie
L’ouvrage est disponible à Blegny-Mine, au Musée de la Fourche et de la Vie rurale de Mortier et, dès demain, dans les librairies de la région au prix de 19 euros. Vous pouvez également le commander en ligne sur notre site www.blegnymine.be
(Communiqué du M.A.H.Vi)